4 ans et 2 mois : dernière ligne droite avant le déménagement.

Durant les dernières vacances, nous avons été passer quelques jours dans notre future maison en banlieue Lilloise. L’objectif était simple : au delà de commencer à la meubler avec certains éléments nécessaires à ma présence quelques jours par semaine en juin (le déménagement total aura lieu début juillet), l’idée était aussi de faire se projeter petit loup. Et je pense que ça y est, il sait et a compris.

Comme je l’avais déjà écrit, je n’ai jamais eu de gros déménagements dans mon enfance. Enfin si, à 1 an on a changé de maison, mais sincèrement, je n’en ai aucun souvenir. Je n’ai jamais connu qu’une seule maison, dans laquelle je reviens parfois certains weekends, où ma mère vit toujours. Donc déménager, c’est un peu le saut dans le vide pour moi. Alors oui, quand j’étais adulte, j’ai bougé plus d’une fois, mais toujours en région parisienne. Du coup, nous aussi on stresse pas mal. Et on essaie de le garder pour nous, parce qu’on sait à quel point, les enfants sont des éponges à sentiment…

Donc, connaissant son côté hypersensible (HPE potentiel) on y a été tout en pédagogie. On lui a expliqué, lentement, précisément, en montrant sur un calendrier comment ça allait se passer. Tous les matins maintenant, on passe devant une société de déménagements avec des cartons, et il a compris que bientôt, on aura des cartons plein l’appart dans lesquels on mettra nos affaires, et surtout tous ses jouets. Le message passe. Mais il a aussi de la peine… Il m’a confié un matin que je l’emmenais « tu sais papa, je suis un peu triste. » « Mais pourquoi ?  » « Car si je change d’école je ne vais plus voir Lina… ».

P’tit pépère… Tellement attendrissant et en même temps difficile, de le voir faire face à ses sentiments qu’il comprend, et qu’il partage avec moi… S’il savait moi, toutes les choses qui vont me manquer quand on ne sera plus dans notre immeuble, à 2 pas de tout : de l’école, de la poste, du chinois/macdo/pizzéria/d’untrucàmangerenfonctiondel’enviedumoment, d’un parc à 5min à pied…. Alors certes, en contrepartie on va gagner sur pas mal de points : on aura ce qu’on attend depuis si longtemps : une putain de maison, avec un putain de jardin. Bon pas énorme, 200m², mais assez pour déjà s’ébrouer un peu dehors. Et puis ce sera au fond d’une impasse résidentielle : adieu valse des scooters uber eats et des ouaich ouaich de la cité d’à côté, adieu bruit des pompiers et des ambulances de l’hôpital d’à côté, adieu SUV bondés sur les quais de Seine. Et puis on sera aussi à une heure de la mer. Alors les mauvais esprits se marrent toujours quand je dis ça : « ouais, la mer du Nord, pour t’y baigner t’oublie »…

Parce que oui, après avoir dû faire face à la question « Alors, le second c’est pour quand ? « , maintenant, quand j’annonce que je vais déménager dans le nord et que non, je n’ai pas de famille là-bas, je dois toujours faire face à cette question : « Ben alors du coup… Pourquoi le nord ? « , la question sous-jacente étant « t’es con ou quoi ? Pourquoi tu préfères pas aller dans le sud, au moins là-bas t’auras beau temps »… Ah ah. Ben peut-être qu’à la prochaine canicule, je serai content d’avoir 32 contre 45°C, tout simplement. Peut-être que je n’ai pas encore envie de m’enfermer lorsqu’il fera trop chaud dans une maison équipée d’une clim rejetant l’air chaud dehors (ce qui amplifie encore plus l’air ambiant), peut-être que quand il fera chaud comme ça, je serai content de trouver une mer dans laquelle je pourrai me rafraîchir, ou tout du moins y tremper les pieds. En tout cas, petit loup a validé la plage… Lui, dès qu’il y a du sable il est content.

On a aussi profité de cette visite sur quelques pour visiter sa future école, qui sera, en théorie, une école privée. Pourquoi ? Déjà parce que là où on va, il y a autant d’écoles privées que d’écoles publiques, contrairement à là où on est, où il y a grosso modo une dizaine de maternelles publiques pour genre, une privée. Ouais. Alors c’est pas du tout un choix par rapport au quartier (on est plutôt dans un quartier chicos, dans une banlieue super résidentielle de Lille), mais c’est parce qu’elle a bonne réputation, et surtout qu’elle permet d’avoir un double niveau : moyenne et grande section. Ah et puis aussi, ça nous permettra de ne plus avoir à galérer quand le personnel du périscolaire fait grève. Si si, ça arrive… Idem si un professeur est malade, on ne nous demandera pas de garder notre enfant : ils le prendront, point. On verra bien ce que ça donnera, si ça lui plaira ou pas. Du coup, pour effacer la diversité sociale, là-bas tout le monde a sa blouse. Pourquoi pas après tout.

Un autre point positif de là où on est, c’est qu’à quelques minutes en voiture (oui, car là-bas, il faut dorénavant envisager d’être un peu plus en voiture… c’est la règle du jeu, on la connaissait, c’est un des petits avantages qu’on va perdre ici) il y a un énorme parc de jeux, qu’il a validé. Il a dores et déjà commencé à se faire un petit copain. J’en ai profité pour discuter avec la mamie du copain en question, qui m’a confirmé que le coin qu’on avait choisi était plutôt agréable, et qu’on apprécierait forcément la vie en province. Toujours très subjectif comme constatation, et ce même si ça venait d’une ancienne parisienne…

Du coup, lorsqu’on est revenu de vacances, je savais que c’était la dernière ligne droite. Deux mois. Plus exactement un mois complet, et un mois durant lequel je serai sur Lille 3 jours par semaine. Je sais que c’est pas beaucoup, mais ça m’attriste déjà de savoir que 3 soirs durant, je ne verrai pas mon p’tit loup. Un petit sacrifice (qui ne durera qu’un mois) ou presque, pour un gap vers une bien meilleure vie. L’appartement a potentiellement trouvé des acheteurs (une sacrée épine du pied en moins), et le déménagement a été booké pour le lendemain de la fin de la maternelle. Il finit le mercredi, et le jeudi 7 juillet, on déménage.

Dernière ligne droite.

Derniers jours à m’endormir avec du Toplexil la nuit pour calmer ma toux du soir (probablement liée au stress) et pour pouvoir dormir sans abuser des insomnies trop nombreuses de ces derniers jours. Parce que forcément, tout ça rime avec un changement de job de ma part, une mission à finir, avant d’en commencer une nouvelle…

Quelle plaie d’être un parent angoissé. Je vous jure. 42 ans, et déjà, ma vie me fatigue…