5 ans et 7 mois : déjà les vacances de la Toussaint

Je relis parfois mes précédents posts, et je me rends compte que je suis très souvent pessimiste. C’est un fait. Probablement parce que tout ne se passe pas comme je me l’étais imaginé. 5 ans et demi passé, toujours « caca dans la couche », incapable de s’occuper seul (nécessairement il faut soit un écran avec lui, soit un adulte mais bon, l’écran c’est quand même mieux), et pour conclure, la reprise du baby volley a été une catastrophe qui s’est soldée par un abandon cette année.

Voilà. Voilà l’état des lieux. Bien sûr il y a plein de choses positives, le fait qu’il soit en avance sur pas mal de choses, qu’il s’exprime bien, qu’il soit souvent d’humeur joyeuse, qu’il plaisante également souvent. L’autre jour quelque chose m’a subjugué : nous regardions « Gatsby le magnifique », et à un moment, mon fils a levé la tête (probablement car il y avait une énième pub sur le téléphone) et a sorti : « Oh, c’est spiderman ! « . Effectivement, l’un des deux acteurs stars de ce film est « Toby Maguire », et il joue dans les 2 films. Whaou. Non parce que Spiderman, il l’a pas vu souvent en vrai, il a du voir quelques scènes en boucle 2/3 fois mais pas plus… Qu’il ait réussi à reconnaitre son visage, alors que moi et les visages ça fait 12, franchement, il m’a épaté. Bon après il a fallu lui expliquer qu’il n’allait pas se transformer en Spiderman dans ce film… Tout ça tout ça.

À part ça, la rentrée en Grande Section (GS) s’est plutôt bien passée. En même temps, il retrouvait tous ses copains de l’année dernière (il s’agit d’une classe mixte en niveau, cette année les Moyennes Sections sont devenus les grands de la classe, donc ils kiffent). Forcément il est un peu frustré lorsque pour réviser, ils comptent jusqu’à 10 (lui qui compte jusqu’à 10 000…) mais bon. Il a ses copains, ça lui va. On se dit (avec sa maman) qu’on doit nous aussi en profiter : c’est sa dernière année avant le CP, grand bouleversement en vue. Fini les périodes de jeu, les moments où l’on peut se lever, bonjour les devoirs. Il n’est pas prêt (nous non plus pour être honnête ^^). Il faut d’ailleurs noter que s’il a une certaine appétence pour les chiffres, les lettres c’est pas ça. Ecrire, colorier, en classe vite fait mais à la maison, NO WAY. On ne sait pas vraiment s’il y aura un déclic, ou s’il n’aura de toute façon pas le choix de s’y mettre. Je précise hein, ce n’est pas qu’il est largué, juste que ça ne l’intéresse pas. Et pourtant, niveau langage, il a de l’avance.

Comme chaque vacances, mamie (comprenez belle maman) est venue passer quelques jours pour le garder. Enfin le garder… « Le garder » devrais-je dire. Parce que la maman étant en télétravail, et grâce/à cause des écrans (smartphone ou télévision), il n’y a pas eu beaucoup de moments où elle a pu s’en occuper en solo. Ce n’est pas faute d’avoir essayé hein… Après, lui jeter la pierre est toujours très facile, par rapport à son addiction aux écrans, surtout quand on voit ses parents : qui se jette sur sa tablette après avoir passé 8h au boulot sur 3 écrans ? C’est bibi. Qui regarde la télé, avec parfois un smartphone d’un côté avec un jeu, une tablette de l’autre, avec un autre jeu ? C’est bibi. La mère n’est pas vraiment mieux, d’ailleurs dès lors qu’elle lâche le smartphone, très souvent 5 minutes plus tard elle dort. On ne va pas se mentir comme dirait l’autre, nous ne sommes pas les meilleurs exemples au monde pour lui donner envie de faire autre chose que d’être sur des écrans. Après, le problème c’est que lorsqu’on se rend dispo pour lui, lui n’a pas forcément souvent envie de faire autre chose, pas dans la maison en tout cas. Par contre, sortir, voir les copains « DEVANT » le centre aéré (vu qu’il ne veut pas y aller, probablement à cause de la nourriture ou du fait qu’il ne connait pas beaucoup de copains), aller dans un magasin « ACHETER UNE SURPRISE » qui aura une durée de vie de 5 minutes une fois franchi le cap de la maison, là il y a du monde. Pas évident à gérer.

Et à côté de ça, il y a le décalage de ma mère de 80 ans. Pour resituer, je suis enfant de professeurs de piano, j’ai donc été dès mon plus jeune âge bercé dans la musique. J’ai touché mon premier instrument vers 5 ans (bon c’était le violoncelle, pas une franche réussite) avant de me mettre au piano jusqu’à mes 18 ans. Mais que lui répondre, quand elle me demande : « à quel âge comptez vous lui faire faire de la musique ? « … Heu… Comment dire… C’est à dire que ce n’était pas vraiment au programme… Si ça ne vient pas de lui, et qu’il y a du travail à faire à la maison, en d’autres termes que son loisir ressemble à des charges supplémentaires pour lui et surtout pour nous (à savoir se battre pour qu’il le fasse), j’ai envie de dire : « c’est mort ». J’ai bien senti qu’elle n’avait pas trop compris cette réponse. D’un autre côté, durant la première et dernière séance de baby volley, j’ai un peu mieux compris ce qu’il ressentait : il faut se forcer à faire un truc qu’il n’aime pas (il aime : taper dans le ballon, faire des circuits de motricité, il n’aime pas : l’échauffement, tout ce qui ne permet pas de taper dans un ballon avec un ballon, et surtout, ne pas réussir du premier coup ce qu’il envisage de faire). Là où je suis plutôt content par contre, c’est que lorsque je lui ai demandé, alors qu’on a avorté cette première séance parce qu’il voulait rentrer, s’il voulait qu’on revienne, il m’a répondu cash : « non j’ai plus envie », et ne l’a pas réclamé les samedis matins suivant. Il a pris une décision qu’il a assumé. Bon, en contrepartie, il a encore plus d’écran, mais sincèrement, lutter tous les samedis matins et faire l’échauffement « à la place de son fils qui refuse de faire parce qu’il sait pas faire ou que ça le fatigue », c’est pas fun. Un loisir doit rester un loisir, et pas une corvée, c’est en tout cas la philosophie qu’on a décidé d’appliquer. Bon… Après… C’est clair qu’il serait pas mal qu’il ait une activité. Reste à trouver laquelle. Est-ce un problème de maturité ? Les HP ont souvent des soucis de dyssynchronie (un décalage dans le temps entre la maturité du cerveau et la maturité corporelle voire la maturité tout court). L’exemple le plus flagrant c’est son niveau intellectuel de maths, et son niveau de « propreté ». Même si là encore, c’est compliqué car « il est propre » (dans le sens où il SAIT quand le caca va sortir, et demande une couche justement pour être proche), mais qu’il ne VEUT pas les toilettes. D’ailleurs, niveau mauvaise foi, il est pas mauvais aussi… L’autre jour qu’il avait des copains à la maison, ils ont grillé qu’il y avait un paquet de couches. Ils ont commencé à se moquer de lui (on l’avait prévenu sur ça) et qu’a t il répondu, ce petit con ? « C’est les couches de mon petit frère ».

… Ah. Il a un petit frère. Faudrait nous le dire, on était pas au courant… (Si si, il a osé).

Et si vous êtes nouveaux ici, vous ne savez probablement pas la totalité de l’histoire : petit frère/petite soeur il n’y aura pas pour pleins de raisons : nos âges avancés (43 ans risques de FC bien plus élevés), les FC précédentes, et surtout pas de famille proche pour le dépannage (sincèrement, c’est clairement LE TRUC qui change la vie). Bon et je ne parle même pas du côté encore et toujours hyper glu de notre fils, qui je pense, supporterait mal d’avoir à partager sa mère avec un petit bébé…

Enfin, je me dois de finir cette note par un moment moins sympa (oui, déjà que le reste était pas ouf…). L’un des meilleurs copains de mon fils a loupé l’école, ces derniers jours. La raison est simple, mais fait froid dans le dos : les parents, en instance de divorce. Le mari, qui n’accepte pas trop ce choix de la maman, et qui noie trop souvent son chagrin dans l’alcool, a un jour voulu être un peu violent avec la maman. Ils se sont réfugiés dans la salle de bain, tandis qu’il les menaçait d’un tournevis. Après avoir réussi à sortir de la maison, en début de soirée (elle tenait son fils dans ses bras), ils se sont échappés dans la rue, avant de se faire accueillir par des voisins. Plainte chez les flics, jugement, tout le toutim. La maman a pris un peu de temps chez ses parents, avec son fils, pour laisser l’eau couler, et trouver une solution (surtout rapport à la maison). Entretemps, un professionnel a diagnostiqué de sévères troubles chez l’enfant, liés à cet épisode. On espère qu’il reviendra à l’école à la rentrée, que le mari alcoolique aura dégagé, et que l’affaire s’arrêtera là. Pourquoi j’en parle ici ? Car jusqu’à présent, on avait entendu parler de ce genre d’histoires, mais ça ne nous avait jamais touché d’aussi près. Pas une proche, qui prenait l’apéro 2j plus tôt chez nous en nous racontant qu’avec son futur ex mari, c’était « compliqué ». Depuis que je suis père, je ressens d’autant plus ce sentiment d’injustice, lorsque des enfants subissent les conséquences de parents ou d’adultes irresponsables (et encore là je ne parle que de voisinage, je n’aborde même pas les choses atroces qui se passent du côté du moyen-orient en ce moment même, où des parents enterrent leurs enfants, ou attendent qu’on les libèrent). On ne devrait pas toucher aux enfants, les enfants ne devraient pas à subir de traumatismes de ce genre. Pas si jeune, pas lorsqu’ils sont encore sans défense. Voilà. C’est mon côté HP, d’autant plus sensible face à l’injustice qui parle. Et qui vous salue bien bas. Lui et moi même allons d’ailleurs dès maintenant aller un nouveau casque pour ma moto, en vous disant à très bientôt.

Prenez soin de vous, de vos proches, et de vos enfants. Parfois, la vie ne tient à pas grand chose.