Je ne parviens toujours pas à comprendre la raison pour laquelle on a réussi à passer à travers le Covid, mais force est de constater qu’on fait partie des rares qui sont passés à travers. Pourvu que ça dure. En attendant, j’ai assisté au rendez-vous parent/professeur de milieu d’année. Jour un peu particulier en soit, car à cause du Covid et de ses conséquences, le périscolaire de l’école de mon fils a fortement été impacté. Il y a eu un mouvement de grève en retour, par rotation, et bien évidemment, c’était aujourd’hui qu’avait lieu la grève dans la maternelle de mon fils. Au final, d’une pierre deux coups : le RDV étant à 11h35, ça m’a permis d’aller le chercher pour qu’il passe le repas à la maison, et d’en profiter pour faire le point.
Etant nouveau en tant que papa hein, j’ignorais totalement qu’en milieu d’année, durant le cursus scolaire, on nous remettait un livret. À l’intérieur, des dessins et autres descriptions de l’avancée et de l’adaptation de l’enfant : Sait lever la main pour poser une question, va seul aux toilettes, compte jusqu’à 20, etc. En dessous, la notation : si c’est maîtrisé, il y a un tampon avec la date, si c’est pas encore le cas, le sigle « ECA » (en cours d’adaptation) est mentionné. Il y a 2 choses qui ne sont pas encore maîtrisées chez lui :
- comment tenir un crayon (c’est pas avec les dessins qu’il fait ou plutôt qu’il ne fait pas qu’il va s’améliorer) ainsi que
- la précision dans la communication. Pour ce deuxième point, au delà d’un petit défaut de prononciation de la lettre R, le corps enseignant a constaté que mon fils avait parfois tendance à faire de trop longues phrases qu’il ne parvenait pas à finir, trop embarqué par le désir de vouloir trop en mettre à la fois. En gros, il parle un peu comme la phrase imbitable que vous venez de lire ci-dessus. Ce n’est pas très grave, mais la maitresse nous a malgré tout conseillé de faire un petit bilan chez l’orthophoniste.
Bienvenu dans un nouveau cauchemar a priori, la prise de RDV chez l’orthophoniste (comprenez, le spécialiste du langage). Pourquoi ? Parce qu’il y a entre 6 mois et un an d’attente pour un rdv. Et encore, on est à l’opposé d’un désert médical, donc je ne m’imagine pas à quoi ça peut ressembler dans ces zones… Du genre, vous prenez rdv, quand vous parvenez enfin à voir le spécialiste, vous êtes majeurs quoi. Au secours. J’étais conscient, de son problème avec les R, mais n’ayant pas de moyen de comparaison aux alentours, je ne savais pas si c’était vraiment normal ou anormal. Et vraisemblablement, ce ne l’est pas.
L’autre chose, qui n’est pas trop normale… « Il fait partie d’un des rares qui sait compter jusqu’à 30 ». Et aussi, il pige vite. Et il a une excellente mémoire. Et, vu les soucis qu’il a au niveau des pleurs du matin… : « il est probable que votre enfant soit précoce ».
Voilà. La bombe était tombée. Bonne nouvelle ? Mauvaise nouvelle ? Je ne saurais pas trop comment réagir, étant moi-même haut potentiel. Je ne pense pas en avoir souffert dans mon enfance, plus dans mon adolescence. Mais il y a un truc de positif : c’est un peu comme lorsqu’on nous a annoncé qu’il avait un RGO. On avait quelques symptômes qui nous faisait cogiter, maintenant on est capable de mettre un nom dessus. Et la surprise n’est que partielle, moi plus que ma femme, on se doutait bien de quelque chose de la sorte. « Je vous conseille quand même de faire un test auprès d’un neuropsychologue, histoire de certifier cette impression ». Lorsque j’ai raconté à la maîtresse qu’il avait appris par cœur les trous situés dans le jeu « croque carottes » pour éviter de tomber dedans, ça l’a un peu conforté dans son avis initial.
Enfin, dernier point remonté et pas des moindres : il a besoin d’être encouragé. La peur de l’échec, de ne pas pouvoir y arriver semble être omniprésente chez lui. Je vous racontais dans le précédent post qu’on l’avait emmené au baby-volley… ça n’a pas été un franc succès. Si la 1ère partie s’est plutôt bien passée car il s’agissait de motricité qu’il faisait déjà à l’école, quand il y a eu du ballon un peu plus spécifique (faire rebondir un ballon de baudruche et l’attraper), mon petit loup s’est immédiatement refermé, prétextant qu’il n’y arriverait pas. Etait-il en manque de sa maman qu’il voyait en train de l’attendre dans les gradins ? Fatigué, voire même affamé (vu qu’il n’arrive toujours pas à manger convenablement le matin ? ) Je ne saurais dire. On a pas reconduit l’expérience.
De la même manière, nous allons arrêter de l’emmener à Montessori tous les mercredis. On est un peu dégoûté car très clairement, c’était génial en plus d’être en anglais. Mais probablement que ça l’était plus pour nous que pour lui… Il y avait trop de pleurs, trop de vomitos. Parce qu’il n’avait pas réussi à s’adapter ? Parce qu’il ne connaissait pas assez ses copains ? On ne le saura probablement jamais. On va tenter mercredi de lui faire faire le périscolaire à son école habituelle, avec ses copains et les ATSEM qu’il connait bien, et contrairement aux autres mercredis, ce sera moi et plus sa mère qui l’y emmènera. Il semblait ravi de cette nouvelle lorsqu’on lui a annoncé. On garde un peu en travers de la gorge les 3 mois de frais d’école qu’on ne pourra pas récupérer… Mais bon, si ça peut nous permettre d’être plus zen un jour par semaine, on est prêt à faire le sacrifice.
Bientôt les vacances, avec la mamie qui arrive… Bientôt 2 semaines de « trop d’écran », et de trop de « n’importe quoi ». On espère juste qu’au retour de cette période, il n’y aura plus de pleurs le matin, comme c’est le cas depuis quelques jours maintenant. Ensuite, il viendra le temps de lui annoncer : « écoute mon fils, on va sûrement déménager… Quitter la région parisienne pour un endroit où tu auras une maison, et un jardin… Et où tu devras te faire de nouveaux copains. »
Mais pas tout de suite.